Dans un décret lu hier jeudi 16 décembre à la télévision nationale, le président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a rebaptisé l’aéroport international de Conakry-Gbessia “Aéroport international Ahmed Sékou Touré”. Pour l’association des victimes du camp Boiro (AVCB), c’est une pilule difficile à avaler.
Dans une déclaration publiée dans la presse, elle dit tout le mal qu’elle pense de cet acte posé par le tombeur d’Alpha Condé et dont elle avait pourtant salué l’avènement au pouvoir, tout en caressant l’espoir d’être rétablis dans leurs droits. Chaque année, cette association regroupant les victimes et parents des victimes du régime de Sékou Touré organisent des cérémonies pour rappeler les fusillades, les pendaisons et autres atteintes aux droits de l’homme dont la Guinée a été le théâtre pendant cette période sombre de notre histoire. Comme on le voit donc, les victimes du camp Boiro ont de bonnes raisons de s’offusquer de toute forme de réhabilitation du premier président de la Guinée indépendante.
Il y a quelques jours, le colonel Mamadi Doumbouya avait pris un premier acte en faveur de la famille biologique de Sékou Touré en lui restituant les Villas de Bellevue, dans la commune de Dixinn. Comme il fallait s’y attendre, cet acte a été applaudi des deux mains par les nostalgiques du régime révolutionnaire. C’est le cas notamment des cadres et militants du PDG-RDA qui ont fait le déplacement à la Bellevue pour exprimer leur joie. Il faut rappeler qu’après le coup d’Etat ayant porté au pouvoir le colonel Lansana Conté et ses compagnons du CMRN en 1984, des membres de la famille du défunt président ont été jetés en prison, leurs biens confisqués par les autorités d’alors.
Selon des sources dignes de foi, la veuve (Hadja Andrée Touré) et les enfants (Aminata Touré et Mohamed Touré) de Sékou Touré ont fait ces dernières années des pieds et des mains pour qu’on leur restitue les Villas ou les Cases de Bellevue bâties sur un domaine acquis légalement par celui qui n’était alors que maire de Conakry. Il aura donc fallu l’avènement du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) pour voir les choses enfin bouger dans le sens souhaité par la famille Touré. L’aéroport international de Conakry-Gbessia vient également d’être rebaptisé “Aéroport international Ahmed Sékou Touré. Ce qui fait bondir, à juste raison, l’association des victimes du camp Boiro.
Kèfina Diakité