Après onze ans de règne sans partage, le professeur Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de la Guinée indépendante, a été renversé le 5 septembre dernier par les Forces Spéciales dirigées par le colonel Mamadi Doumbouya. Réagissant à ce coup de force, le RPG, la CEDEAO, l’UA, l’UE et les Nations unies ont tour à tour demandé la libération inconditionnelle du président déchu, dont l’état de santé fait l’objet de beaucoup de spéculations dans la cité.
Des appels qui, à ce jour, ne semblent pas avoir eu un écho favorable auprès des nouvelles autorités du pays. Il y a quelques jours, dans un communiqué lu à la télévision nationale, le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) a annoncé le transfert d’Alpha Condé du palais Mohamed V à Kaloum à la résidence de son épouse, Hadja Diènè Kaba, à Landreah, dans la commune de Dixinn. Ce que beaucoup d’observateurs ont assimilé, non sans raison, à une sorte de résidence surveillée pour l’ancien maître de la Guinée.
Lors d’une sortie médiatique à son siège national à Gbessia, le RPG Arc-en-ciel et ses alliés ont dit prendre acte de ce transfert mais ont aussi plaidé pour la libération totale de leur champion. A la veille du sommet de la CEDEAO (12 décembre), les jeunes du parti regroupés au sein du FONAL-PRAC (Forum national pour la libération du Professeur Alpha Condé) ont tenté d’organiser une manifestation pacifique pour exiger la libération de l’homme qui aura présidé aux destinées de la Guinée de décembre 2010 à septembre 2021. Mais c’était compter sans la ferme détermination des autorités de la transition à étouffer dans l’oeuf tout mouvement susceptible de semer le trouble dans le pays. Les forces de sécurité sont aussitôt entrées en action pour disperser les jeunes du FONAL-PRAC à coups de gaz lacrymogènes. L’on a assisté le même jour à une scène similaire à N’zérékoré où une manifestation pacifique pro-Alpha Condé a été empêchée.
Le lendemain, c’est le siège du RPG à Siguiri qui, à son tour, a été pris d’assaut par des hommes en uniforme, pour prévenir tout regroupement ou mouvement en faveur du président déchu. Comme on le voit donc, la libération d’Alpha Condé est en train de devenir une grosse pomme de discorde entre le RPG et le CNRD. Espérons que les deux parties finiront par trouver un terrain d’entente dans l’intérêt de la Guinée tout entière.
Kèfina Diakité