Depuis le 9 juillet dernier, l’on est sans nouvelles de Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC, dissous officiellement par le MATD). Une disparition qui inquiète au plus haut point leurs avocats français William Bourson et Vincent Brengarth, qui ont cru devoir adresser une lettre à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont il fustige le silence ‘’coupable’’ dans cette affaire. « Si nous vous écrivons aujourd’hui, c’est pour vous faire part de notre sidération face à l’absence de réaction forte de la CEDEAO à la suite à la disparition de deux membres du FNDC, Messieurs Foniké MENGUE et Billo BAH, le 9 juillet dernier. Nous ne comprenons pas ce silence. Il nous interpelle au plus haut point. Il est indispensable qu’une telle réaction ait lieu », ont écrit les deux avocats français. Et de faire observer que le rôle de la CEDEAO est central pour peser sur les autorités guinéennes afin de mettre un terme à cette situation bafouant, disent-ils, les droits les plus élémentaires. « Il en va également du crédit attaché à votre institution dont nous savons l’importance et de ce qu’elle représente pour les populations civiles. Nous le savons, cette influence a déjà été entachée par le récent départ du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Cette affaire offre par conséquent l’occasion de démontrer la persistance des engagements de la CEDEAO dans l’accompagnement des populations des pays membres. Personne ne peut plus faire semblant de l’absence de réelle volonté des autorités guinéennes de mener des investigations sur la disparition des activistes, précisément en raison de tous les éléments qui les accablent lourdement. C’est de la responsabilité de la CEDEAO, qui occupe un rôle de médiation déterminant, d’agir auprès de la junte. Il est au surplus évident qu’aucune perspective crédible de transition démocratique ne peut exister au regard de la situation totalement dégradée en Guinée. La disparition des deux activistes est symptomatique des attaques à l’endroit de la partie civile pour intimider toute force d’opposition. Il est impossible de rester témoin de la stratégie consistant à faire se prolonger indéfiniment cette situation, dans l’espoir que les soutiens se démobilisent. C’est une stratégie connue. Elle est érodée. Votre responsabilité est aussi d’empêcher que la disparition des deux activistes tombe dans l’oubli, compte tenu des procédés mis en œuvre par les autorités pour ensevelir cette affaire », indiquent-ils, tout en demandant l’implication de la CEDEAO pour la libération des deux activistes du FNDC. « Nous demandons à ce que Messieurs Foniké MENGUE et Mamadou BILLO BAH, prisonniers politiques, soient mis en liberté de toute urgence. Nous vous demandons solennellement d’œuvrer en ce sens. Nous vous demandons d’intervenir afin que des investigations interviennent mais également que des sanctions soient prises sans délai », peut-on lire dans la lettre des deux avocats français adressée à la CEDEAO.
Kèfina Diakité