Le CADESSO sis dans l’enceinte du CHU Donka a servi de cadre du 23 au 25 novembre 2022 à l’atelier de validation de la politique nationale de santé communautaire et celui du plan d’apprentissage de la politique nationale de la santé communautaire. Il a été question d’une part d’un atelier de restitution d’enquêtes basées sur la santé communautaire tenu du 23 janvier au 12 février 2022 dans certaines zones du territoire national, à savoir Kindia, Mamou, Labé et N’Zérékoré pour cette première partie. Et d’autre part d’un atelier de validation du plan d’apprentissage sur la politique nationale de la santé communautaire en Guinée. L’atelier a regroupé les acteurs venus du ministère de la santé et de l’hygiène publique, des acteurs de la société civile et des représentants des partenaires techniques et financiers. Durant ces trois jours, les parties ont travaillé en groupes sur des thématiques d’orientation d’analyses des données différentes.
Pour situer le contexte du projet qui aboutit à cet atelier de trois jours, il faut dire que de 2018 à 2022, un plan stratégique détaillé et un autre plan opérationnel entre 2018-2020 ont été élaborés pour guider ce projet. C’est cette politique qui a été rendue possible à travers le projet l’Accélérateur, un partenaire qui travaille avec la Direction Nationale de la Santé Communautaire et de la médecine traditionnelle pour les zones concernées. Présent à la cérémonie d’ouverture le mercredi 23 novembre 2022, Dr Fassou Mathias Grovogui, expert en épidémiologie biostatistique a rappelé qu’au total 522 personnes ont été interrogées. Ces personnes sont réparties entre les acteurs du Ministère de la Santé, celui de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, les partenaires techniques et financiers qui sont impliqués. Il ajoute qu’au niveau des régions, « c’était les directions régionales de la santé, les gouvernorats ; et au niveau des communautés c’était les leaders religieux, des organisations communautaires et des tradipraticiens »
Le but recherché à travers cet atelier de trois jours, est de valider les résultats de la recherche de mise en œuvre de la Politique Nationale de Santé Communautaire et le plan d’apprentissage de la même politique en identifiant les lacunes critiques considérées comme facteurs qui entravent la conception et l’élaboration de la PNSC et la méthode pour résoudre ces lacunes surtout après l’épidémie de la fièvre Ebola. « Après l’épidémie du virus Ebola qui a frappé la Guinée entre 2014-2016, il était question de renforcer le système la santé dans le cadre du Plan National de Développement Sanitaire. Pour renforcer cette stratégie, il fallait une politique basée sur la décentralisation, à travers des agents de relais communautaires. Donc le Ministère a voulu comprendre est-ce que la mise en œuvre de cette politique a apporté quelque chose de positif en matière d’accès et la qualité des services pour nos populations ? Pour cela, il fallait une étude. Et cette étude est appuyée par l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry à travers la chaire santé publique et celle de Harvard, aux Etats-Unis. Ces équipes ont travaillé ensemble avec celles du Ministère de la santé pour pouvoir élaborer un protocole de recherche, et la première phase qui est celle des données quantitatives a été bouclée et le rapport a été rédigé »,a précisé Professeur Alexandre Delamou, point focal de cet atelier.
Les résultats contenant ce rapport ont été partagés, discutés, amendés avant d’être validés lors de la troisième journée qui a été marquée par un atelier d’apprentissage de la politique nationale de la santé communautaire.
Le ministère de la santé et de l’hygiène publique à travers la direction nationale de la santé communautaire qui a piloté cette activité de validation de politique et de plan de la santé communautaire a été représenté durant ces trois jours de travaux par Dr. Hadja N’gamet CAMARA, cheffe section, formation, suivi évaluation de la direction nationale de la santé communautaire à la division santé communautaire et médecine traditionnelle.
En cette troisième journée, Dr. Camara reconnaît déjà l’apport des travaux menés. « Cet atelier a abouti à beaucoup de choses parce qu’on a acquis des connaissances durant ces trois jours. Ce qu’on ne comprenait pas dans l’étude de la recherche, l’atelier nous a permis d’assimiler les leçons apprises ici. Par exemple l’apprentissage. On est au dernier jour aujourd’hui. On travaille sur le plan de la mise en œuvre de la stratégie d’apprentissage de la mise en œuvre de la santé. Avant on ne connaissait pas tellement mais maintenant là on peut s’en sortir facilement. Je peux dire que le déroulement a été très bien. Les consultants nous ont très bien édifiés. Nous avons beaucoup appris avec eux et nous aussi à notre tour, nous allons rendre compte. »
À en croire Dr. N’gamet Camara, les résultats sont déjà à porter de main car« à partir de cet atelier, on peut s’attendre déjà à un résultat parce que le ministère de la santé considère la santé communautaire comme un pilier pour les interventions. Dans les communautés, la santé communautaire a beaucoup aidé la population. Parce que la santé communautaire à travers les acteurs communautaires la population reçoit les soins primaires à domicile. »
L’importance de la politique de santé communautaire n’est plus à démontrer, ce grâce aux résultats produits sur le terrain. Selon Dr. N’gamet, “la santé communautaire a permis d’améliorer la santé de la population sur place. Quand on prend les indicateurs CPN, PF à travers les acteurs communautaires, les indicateurs sont à la hausse. Donc c’est quelque chose qui mérite d’être soutenu par tous parce que quand il y la santé à la base, le sommet peut être tranquille. On n’aura plus besoin de référer ou d’évacuer nos malades s’il y a la prévention. Si la population elle-même prend conscience de son état de santé, je pense que beaucoup de problèmes seront résolus à la base et au sommet, on n’aura plus de problème. »
Dr. Camara Hadja N’gamet révèle aussi l’importance notoire des tradipraticiens dans cette politique de santé et également l’apport des partenaires techniques et financiers sur toute la chaîne du système de santé du pays.
Cette troisième journée a été largement consacrée à la validation du plan d’apprentissage sur la politique nationale de la santé communautaire. Dr Mamadou Cissé, médecin de santé publique et ancien fonctionnaire de l’OMS consultant indépendant auprès du projet accélérateur du système de santé est revenu de long en large sur le déroulement du processus ayant abouti à cet atelier de validation.
« C’est un processus qui a été mis en œuvre qu’on appelle processus de cocréation, il a consisté en l’analyse des défis du système de santé et qui a permis de sortir trois défis principaux notamment sur le volet financement durable, rôle et responsabilité et le volet apprentissage et recherche opérationnelle. »
Pour la précision, le processus a été développé par le projet accélérateur en étroite collaboration avec la direction nationale de la santé communautaire du ministère de la santé. Il a regroupé plusieurs parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre des activités de santé communautaire notamment les ministère techniques à savoir le ministère de l’économie et des finances, le Ministère de l’administration du territoire, le Ministère de la fonction publique, l’université et les écoles de santé, les organisations de la société civile et les partenaires techniques et financiers.En cette journée de validation, le consultant indépendant Dr. Cissé n’a pas manqué de mentionner certaines failles qui risquent d’affecter le travail abattu. “Pour cette validation, il faut dire que les principales parties prenantes qui avaient été impliquées et qui ont abouti à cela, n’étaient pas présentes. La journée d’aujourd’hui a été consacré à l’examen du plan qui a été proposé. Ensuite il a été demandé de voir la cohérence entre les attentes, les hypothèses, les questions et les activités proposées. Cela a permis d’avoir beaucoup d’amendements sur le plan qui a été proposé. Ce travail n’a pas été achevé par l’insuffisance de temps pour les groupes de travail d’une part et les absences de certains éléments des groupes de travail d’autre part. La plupart de ceux qui étaient présents n’ont pas une bonne connaissance de ce plan. Donc le travail n’a pas pu être achevé. Par contre les propositions qui ont été apportées permettront à un autre petit groupe plus réduit de finaliser ce plan et le proposer au ministère de la santé notamment la direction nationale de la santé communautaire. Il y a la mise en œuvre de la politique de santé communautaire sur le terrain qui a rencontré beaucoup de défis. Actuellement, il y a beaucoup de populations cibles qui ne bénéficient pas de ces activités notamment les mères, les enfants et aussi avec les préoccupations que le ministère de la santé à d’évoluer vers la couverture de la santé universelle sont des préalables. » estime Dr Cissé. Avant de conclure: « La conjonction de l’ensemble de ces activités déroulées sur le terrain aidera dans le moins ou le long terme à nous acheminer vers l’atteinte de la couverture universelle, c’est-à-dire fournir les services essentiels à la population à tous les niveaux quel que soit leur problème en tenant compte aussi bien de l’accessibilité géographique, financière et des coutumes et mœurs qui constituaient autrefois des freins pour l’accès aux services de soins fournis aux populations. »
Les activités de terrain ont été mises en œuvre par une organisation non gouvernementale. Pr Alexandre Délamou, consultant senior pour l’ONG R4D, qui met en œuvre le projet Accélérateur revient sur ce qui a caractérisé les trois journées de travaux. “Nous avons eu trois jours d’intenses travaux dont deux consacrés à la validation du rapport d’étape de la recherche de mise en œuvre de la politique de santé communautaire en Guinée, rapport d’étape consacré aux résultats quantitatifs. Nous avons profité de ces deux jours pour présenter le résultat préliminaire aux différentes parties prenantes qui sont impliquées dans la mise en œuvre de la politique nationale de santé communautaire du ministère de la santé et de l’hygiène publique. Au cours de ces travaux, les participants ont identifié les thèmes prioritaires pour nourrir la recherche qualitative qui va nous permettre d’expliquer un certain nombre de résultats qui ont été observés sur le terrain. Donc nous avons terminé cette première phase quantitative, maintenant les observations qui ont été faites vont nous permettre d’amender le protocole de recherche et de faire la phase qualitative”, annonce le Professeur.
S’agissant de cette dernière journée, le consultant Pr. Délamou est revenu sur le caractère particulier de l’activité réalisée à savoir la validation du plan d’apprentissage de la politique nationale de la santé communautaire. « En ce qui concerne cette troisième journée, elle était consacrée à la validation du plan d’apprentissage de la direction nationale de la santé communautaire et de la médecine traditionnelle. Nos services et institutions dans la mise en œuvre des activités qui relèvent de leur responsabilité doivent s’inscrire dans un processus d’apprentissage continue de manière à ce qu’ils puissent améliorer continuellement la qualité des prestations et des services. Donc la direction nationale de la santé communautaire et de la médecine traditionnelle qui pilote la politique nationale de la santé communautaire a jugé utile avec l’appui de ses partenaires de s’inscrire dans cette logique d’apprentissage continu. C’est dans ce sens que ce plan d’apprentissage a été élaboré et il était question de le valider avec les parties prenantes et de faire des suggestions et surtout de définir les modalités de mise en œuvre de ce plan d’apprentissage. »
La question des tradipraticiens n’est pas restée en marge de cet atelier de validation selon le consultant du projet R4D Pr. Delamou. « Nous savons que tout ce qui concerne la santé communautaire au niveau rural doit prendre en compte la médecine traditionnelle. Donc quand on parle de santé communautaire on ne peut pas exclure les tradipraticiens. Il faut aller vers eux parce qu’autant nous apportons la santé à travers les agents communautaires et les relais communautaires autant il faut prendre en compte le fait que la population a une certaine confiance dans les traitements traditionnels qui sont proposés. Pour cela il est important si nous voulons promouvoir la santé de la population, les aider à utiliser les services de qualité. Il faut impliquer aussi ces tradipraticiens qui sont souvent les premiers recours d’une certaine partie de la population lorsqu’elles sont confrontées à une maladie ou à n’importe quel autre problème de santé. Le ministère est en train de travailler avec toutes les structures de coordination de la médecine traditionnelle pour voir dans quelle mesure les accompagner pour qualifier leur travail mais aussi à terme envisager des pistes de collaboration entre la médecine moderne basée sur le système de santé et ces acteurs communautaires qui utilisent la pharmacopée traditionnelle, pour pouvoir répondre aux besoins de nos populations en matière de santé. », a annoncé Pr Alexandre Delamou, consultant senior au compte du projet R4D.
Amadou Tidiane Diallo