Dans une nouvelle tribune publiée dans la presse, Sékou Koundouno, responsable des stratégies et planification du CNRD,  revient sur la non déclaration des biens des membres du CNRD et du gouvernement de transition dirigé par Mohamed Béavogui.  Il se demande quel  intérêt le CNRD a à gagner en refusant de faire déclarer les biens des membres de son gouvernement.

“Pourquoi la déclaration des biens ne figure-t-elle pas dans la charte de la transition élaborée par le CNRD ? Est-ce une omission ? Est-ce par ignorance de la portée d’un tel acte ? Est-ce un acte prémédité pour se couvrir de possibles enrichissements ?

Les démocrates sont appelés à se poser des questions légitimes. Cet état de fait taraude l’esprit de moult observateurs sur la volonté réelle des nouvelles autorités de la transition à lutter contre la corruption sous toutes ses formes et à moraliser la vie publique.

La déclaration des biens par les membres du gouvernement doit être primordiale pour le CNRD. Du moins, s’il compte sincèrement mener sa lutte contre la corruption, la gabegie financière et que sais-je encore. Faire de cela une réalité passe forcément par l’obligation pour les membres du gouvernement de déclarer leurs biens.

Outre le fait que cela soit une coutume républicaine pour tous les dirigeants du monde, la déclaration des biens doit être obligatoire pour le CNRD pour la simple et unique raison que le président Mamadi Doumbouya, dans son discours de prise de pouvoir, s’est farouchement attaqué à la corruption. La création de la CRIEF est certes une des volontés traduites par le CNRD à lutter contre la corruption, mais il est obligatoire qu’il demande aux membres de son gouvernement de déclarer leurs biens.

Quand le colonel Doumbouya a pris le pouvoir le 5 septembre dernier, il connaissait bien les préoccupations de ses concitoyens. On peut citer un extrait de son premier discours :

« L’instrumentalisation des institutions républicaines, de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique ont amené l’armée guinéenne, à travers le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD), à prendre ses responsabilités.»

Ce constat était partagé par la totalité de la population de notre pays. Il faut alors qu’il fasse de la déclaration des biens des membres de son gouvernement une priorité, en vue d’être en cohérence avec lui-même et avec ses principes. C’est la moindre des choses qu’il puisse faire vu toutes ces annonces et promesses qu’il a formulées à l’endroit du peuple. Le peuple attend de lui de grandes choses, et la déclaration des biens en est une.

Le peuple de Guinée doit savoir ce que possédaient les membres du CNRD et du gouvernement lorsqu’ils sont entrés en fonction. Cette opération permet au peuple d’avoir une vision claire de leurs biens et d’évaluer l’évolution de leur patrimoine lors de leur passage en fonction.

Pour une question d’éthique, de morale mais aussi de cohérence dans les actions de lutte contre la corruption et de moralisation de la vie publique, chaque responsable devrait s’acquitter pour se couvrir de tout soupçon d’enrichissement car la CRIEF est une juridiction spéciale mais permanente.

En effet, ils peuvent être confrontés à la justification de leur patrimoine individuel à la fin de la transition car les crimes économiques sont imprescriptibles.

Il est donc impératif pour le CNRD de procéder à la déclaration des biens des membres du gouvernement s’il veut que le peuple les prenne au sérieux dans leur lutte contre la corruption et de la récupération des biens de l’État. Car, on ne peut pas nettoyer le péril fécal avec de l’urine et s’attendre à de la propreté.”, a écrit Sékou Koundouno, responsable des stratégies et planification du FNDC.

Kèfina Diakité 

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