L’Archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Coulibaly, a mis à profit la célébration de l’Assomption (15 Août), une fête chrétienne marquant la montée de la Vierge Sainte Marie au ciel, pour demander aux acteurs sociopolitiques guinéens de faire preuve de retenue, d’arrêter les manifestations de rue et de privilégier le dialogue franc et constructif. « Les manifestations de rues ne règlent pas les problèmes. C’est avec le consensus, l’échange, le dialogue que nous pouvons réussir à résoudre nos problèmes. Qu’on abandonne les manifestations de rues. Depuis qu’on a commencé, que de dégâts, de destructions de biens publics et privés, que des pertes en vies humaines ! Cela doit s’arrêter », a fait savoir l’Archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Coulibaly.
Comme il fallait s’y attendre, des acteurs politiques membres des Forces vives de Guinée ont réagi à cet appel du prélat.
« Si tous les hommes de Dieu étaient vraiment des serviteurs du peuple, ils n’auraient jamais hésité à dire la vérité au président Mamadi Doumbouya et au CNRD. S’ils ne peuvent pas le faire, c’est comme s’ils se rangeaient du côté de la junte en laissant le peuple croupir dans la misère. », indique Dr Édouard Zotomou Kpogomou, membre de l’ANAD.
Au RPG Arc-en-ciel, l’on estime que l’Archevêque de Conakry a passé un bon message, tout en faisant remarquer que les manifestations n’ont pas pour but de détruire ou de tuer. « Les manifestations, si elles sont encadrées comme partout ailleurs dans le monde, c’est de protester contre ce qui ne va pas bien », a martelé Marc Yombouno, membre du Bureau politique national de l’ancien parti au pouvoir fondé par le professeur Alpha Condé. Et par rapport au dialogue demandé par Monseigneur Vincent Coulibaly, cet ancien ministre du Commerce sous le régime déchu dira ceci : « Ouvrir un cadre de dialogue inclusif sans préalable au niveau des autorités en disant que l’aspect judiciaire est différent de celui politique, est un faux débat. Vous ne pouvez pas emprisonner des gens pendant près de trois ans et demander à ce qu’il n’y ait pas de réactionnaires. Ça a été des conditions exigées depuis longtemps par le RPG, à savoir la libération de nos cadres qui sont détenus plus de deux ans sans preuves. Je crois que les évêques ont été d’ailleurs les seuls à appeler au dialogue avec les autorités, mais jusqu’à présent leur message n’a pas été entendu.
Je crois qu’il revient pour attirer l’attention des uns et autres sur la nécessité d’apaiser le climat de tensions. Nous sommes tous conscients de ça, mais, il faudrait que les choses bougent au niveau de l’Etat. Quand le prélat appelle au dialogue inclusif, tous ceux qui sont en exil, ceux qui sont en prison, que chacun soit libre pour participer au débat national. Dès qu’on parle de libération on nous dit que la justice est indépendante, mais dès que ça touche un des leurs, c’est l’Exécutif qui intervient pour libérer les gens »
Kèfina Diakité