Aminata Millimouno est la mère de la petite Marie Angèle qui fait partie des 9 personnes victimes des évènements survenus suite à l’attaque de la Maison centrale par des individus lourdement armés dans la nuit du 03 au 04 novembre 2023. Inconsolable, elle s’est confiée ce lundi 06 novembre à Mediaguinee pour expliquer comment sa fillette a perdu la vie ce jour fatidique.
« C’était dans les environs de 4h. Moi j’étais couchée, je dormais. Il y a un petit de mon mari qui est venu me réveiller, il m’a appelée pour dire que mon mari a fait un accident. Je lui ai demandé où, il me dit vers Entag. Je lui ai demandé si c’est grave, il me dit c’est pas tellement grave, ton mari dit qu’on peut aller ensemble avec les enfants. Je lui ai dit tu es sûr que c’est pas grave, il me dit non ce n’est pas grave. J’ai pris les enfants il a fermé la porte, nous sommes allés. Arrivée au bord de la route, j’ai trouvé l’ambulance garée, je suis montée devant avec les enfants, le chauffeur et mon mari m’ont dit de passer derrière. Mes enfants et moi étions assis juste à côté de mon mari. Je lui ai demandé comment ça va, tu as quoi ? Il m’a dit non ne t’inquiète pas, c’est pas aussi grave que ça. Allons ils vont voir ce qui ne va pas, ils arrangent on va se retourner. J’ai dit d’accord. Le petit qui a accidenté mon mari, je lui ai demandé où on va ? Il m’a dit à Ignace Deen. Nous sommes venus jusqu’au niveau du pont de Donka. Là, nous avons continué, arrivés au niveau du pont 8 novembre, nous avons trouvé des pick-ups militaires qui étaient garés là-bas. Le chauffeur s’est arrêté, j’ai dit au chauffeur de sonner, il a dit non. Il était toujours arrêté. Je lui ai dit ils voient l’ambulance, ils ne peuvent pas nous laisser passer, on a un cas d’urgence avec nous. Normalement ils devaient nous laisser passer parce que c’est l’ambulance. Nous sommes restés là-bas 3 à 5 minutes comme ça, on a entendu des coups de feu. La première balle a directement touché ma fille qui était assise sur les genoux du motard qui a accidenté mon mari. Mon mari a dit, couchez-vous, couchez-vous, j’ai dit, chauffeur il faut nous sauver . Ils (militaires) tiraient partout, je criais, j’avais mon bébé avec moi. Quand ils ont tiré une seconde balle, ils ont touché le docteur qui était assis devant, au niveau de sa tête. Le chauffeur lui il cherchait à nous sauver, il fait marche arrière, nous sommes allés à Donka. Arrivée à Donka, j’ai crié, j’ai dit les agents nous ont tirés dessus, venez voir mon enfant. On ne savait même pas que le médecin aussi était décédé, on savait quand même qu’il a été touché. On est resté là-bas, 10 minutes après, le chauffeur de l’ambulance est parti ouvrir la porte, c’est ainsi qu’il a crié : ils ont tué mon docteur, ils ont tué mon docteur. Ils ont pris les deux, ils les ont fait rentrer. En ce moment mon mari lui il était toujours couché dans l’ambulance. Je demandais aux docteurs comment va ma fille, personne ne me répondait, j’ai dit alors essayer de sauver mon mari parce la manière dont ma fille saignait je sais qu’elle est déjà décédée. Jusqu’à 11heures mon mari lui saignait suite à l’accident qu’il a fait, personne n’est venu nous aider. Ceux qui disent que le chauffeur a foncé, j’ai perdu ma fille, je ne peux pas mentir, je jure sur le Coran, le chauffeur n’a pas foncé sur eux (agents). S’il avait foncé, on allait tous mourir là-bas », a-t-elle relaté.
Kèfina Diakité