Djigui Camara est un ancien ministre de la Coopération internationale sous le régime du général Lansana Conté. Dans une tribune publiée dans la presse, il a cru devoir interpeller le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, sur l’état de santé dégradant de l’ancien Premier ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana. Il conseille par conséquent à l’actuel locataire du palais Mohammed V d’éviter une accusation d’assassinat politique. Lisez…
« Depuis quelques jours voire des semaines, des informations persistantes font état d’une détérioration sérieuse de l’état de santé de Dr Ibrahima Kassory Fofana. L’ancien Premier ministre serait, de l’avis de certains proches, entre la vie et la mort. Que Dieu le sauve. Amen.
Devant cette dramatique et inquiétante situation, les autorités Guinéennes notamment le Président du CNRD (maître suprême du pays), malgré la gravité de son état constatée par les médecins et l’avis favorable d’évacuation immédiate émis – semble-t-il, par le ministre de la Justice, s’obstinent à lui refuser ce droit.
On se rappelle cependant qu’elles ont, par le passé, accordé par deux fois ce droit sinon cette faveur au Professeur Alpha CONDE, l’ancien Président de l’ancien Premier ministre Dr Kassory Fofana.
Comment donc comprendre ce double standard ?
Dr Kassory Fofana, en tant qu’ancien Premier ministre, serait-il plus coupable que son ex patron, l’ancien Président de la République, le Professeur Alpha Condé dans la gestion des affaires publiques Guinéennes ?
Qu’est-ce qui explique ce traitement discriminatoire ?
Qu’est-ce qui explique ce double standard de la part du Colonel Président du CNRD vis à vis d’un commis, fut-il Premier ministre, mais tout de même un commis par rapport à son ancien chef de Président de la République ?
L’ancien et dernier Premier ministre du Président Alpha Condé serait-il auteur d’un crime abominable, comme dirait le Président Senghor dans « Leuk le lièvre », pour être ainsi victime d’un tel aveuglement judiciaire ?
En effet, il faut le souligner, depuis avril 2022, l’ancien Premier ministre est en détention préventive dans la prison civile de Coronthie.
Ce séjour carcéral prolongé sans jugement est illégal et inacceptable, car en violation flagrante des dispositions pertinentes de la loi. Elle serait simplement le fait du Prince, dans sa volonté d’anéantir de supposés adversaires potentiels par le biais d’une soit disant lutte contre l’impunité, le détournement.
Son crime réel aura été d’avoir affiché sa légitime ambition politique en acceptant de reprendre le RPG-ARC-EN-CIEL.
Ses compagnons d’infortune et lui sont dès lors considérés comme des adversaires susceptibles de compromettre la réalisation des desseins politiques camouflés du CNRD.
Dans cette perspective, on peut estimer que la récente visite du Président Paul Kagame, maître dans l’art de la confiscation du pouvoir sous les tropiques, n’a pas d’autre but que d’enseigner au néophyte politique Colonel Guinéen les méthodes et stratégies de conquête et de conservation du pouvoir.
Ainsi, il faut craindre le pire pour les prisonniers politiques mais aussi pour tous ceux dont la personnalité, le prestige et l’audience pourraient un tant soit peu gêner l’accomplissement du dessein du Colonel Président.
N’est-ce pas dans cette optique qu’il faut comprendre les dernières purges au sein de l’armée dont le général Sadiba Koulibaly, officier de haut rang, a été récemment la première victime.
On comprend dès lors que la CRIEF, instrument diabolique et cynique, est uniquement dans l’accomplissement de ce dessein satanique et non à faire la lumière sur les faits reprochés aux dignitaires des anciens régimes.
Mais concernant le cas des dirigeants du RPG, la CRIEF peine malheureusement à trouver des chefs d’accusation crédibles capables de les confondre et justifier ainsi la volonté désormais affichée du Président du CNRD d’éliminer ces prisonniers politiques de la compétition à venir.
Aussi devrions-nous, au regard de cet acharnement judiciaire et compte tenu de la gravité de l’état de santé de Dr Kassory, redouter le pire.
La Guinée, qui a déjà trop souffert des pertes de certains de ses fils valeureux, pourrait-elle de nouveau souffrir de nouvelles pertes comme ce fut hélas le cas du regretté Louceny Camara ?
La répétition de telles tragédies funestes qui ôteraient la vie encore à des dignes fils de notre Guinée natale serait mal et très mal vécue.
Dr Kassory doit de ce fait, dès maintenant, bénéficier d’une évacuation sanitaire urgente dans un pays de son choix à l’instar de ce qui a été accordé à l’ancien Président Alpha Condé
S’obstiner à lui refuser ce droit équivaudrait d’après les informations qui bruissent dans la cité à un assassinat politique pur et simple .
Combien de fois faudrait-il que les médecins sonnent le tocsin ?
Combien d’avis faudra-t-il encore attendre pour que le Palais Mohammed VI daigne accéder à la nécessité d’évacuation ?
Ma crainte est telle que je ne peux croiser les bras sans faire échos des voix des avocats et des médecins qui ne cessent d’en appeler les autorités du CNRD à la raison.
Mon Colonel, à en croire aux avis autorisés et éclairés, l’heure est grave, très grave, elle requiert une action prompte. Demain, il serait, me semble-t-il, trop tard mon Colonel.
Mon Colonel, vous pouvez encore éviter une accusation d’assassinat politique qui pourrait être lourde de conséquences à l’avenir en acceptant de laisser Dr Ibrahima Kassory Fofana aller se faire soigner. », a écrit Djigui Camara, ancien ministre de la Coopération internationale.
Kèfina Diakité