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Guinée : vives critiques après l’annonce d’une transition de « 39 mois »

RÉACTIONS. Le chef de la junte a déclenché un tollé en se disant favorable, samedi 30 avril, à une durée de transition de 39 mois avant de rendre le pouvoir aux civils.

La décision de la junte guinéenne d’une transition de 39 mois avant de restituer le pouvoir aux civils est vivement critiquée par les différents partis politiques et organisations de la société civile que comptent le pays. Ce choix, « qui ne repose sur aucun fondement juridique », est « inopportun dans un contexte où les acteurs sociopolitiques exigent la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif sous la supervision de la communauté internationale », écrit le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) dans un communiqué. Sa mise en œuvre serait « inadmissible, inconcevable et inacceptable », ajoute cette coalition d’organisations de la société civile et de partis politiques constituée contre l’ancien président Alpha Condé.

Vives réactions politiques

Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte militaire ayant renversé l’ex-président Condé en septembre, a annoncé le 30 avril avoir opté pour une durée de transition « de 39 mois », défiant ainsi les partenaires régionaux de la Guinée, qui demandent un délai bien plus court. L’officier, qui s’est fait proclamer chef de l’État, a présenté cette durée comme une « proposition médiane » et « consensuelle », fruit de « larges et patientes consultations », une allusion à deux forums politiques s’étant achevés vendredi et ayant été boudés par un grand nombre de partis politiques qui en contestaient le fonctionnement et la légitimité. Pour le FNDC, l’« attitude des autorités […] constitue une menace pour la paix et l’unité nationale » du pays.

« Nous ne sommes pas d’accord » avec la décision annoncée par le colonel Doumbouya, « c’est une véritable moquerie, un mépris total », a réagi auprès de l’AFP Édouard Zoutomou Kpoghomou, président d’un parti membre de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), une composante du FNDC regroupant en son sein une vingtaine de formations politiques. « Ce n’est plus une transition, mais un mandat », a-t-il ajouté. Dans un communiqué distinct, l’Anad a dénoncé pour sa part une « volonté obstinée [de la junte] de conserver le pouvoir, au-delà du temps requis pour l’organisation d’élections crédibles, par des manœuvres et combines ».

Rejetant également « le chronogramme unilatéral » de transition annoncé par le colonel Doumbouya, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), ancien parti de M. Condé, a dit son « inquiétude » et exigé, comme le FNDC, un « dialogue inclusif » sous médiation de la communauté internationale pour définir un calendrier « consensuel ». Comme le Mali et le Burkina Faso, deux autres pays de la région où les militaires ont pris le pouvoir, la Guinée a été suspendue des instances de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). L’annonce du colonel Doumbouya sur la durée de la transition expose le pays à une extension des sanctions économiques décidées par la Cedeao, qui avait réclamé en septembre à la junte d’organiser des élections dans un délai de six mois.

Des juntes pressées de toutes parts

Cette annonce de la junte guinéenne intervient également au moment où les Nations unies poussent les juntes militaires au Burkina Faso, en Guinée et au Mali rendent le pouvoir à des civils « dans les délais les plus brefs ». C’est, en tout cas, le message martelé ce week-end, par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres depuis Dakar, au Sénégal, où il se trouve en visite. « Nous sommes convenus de l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités de facto [de ces] trois pays afin d’instaurer le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus brefs », a déclaré Antonio Guterres après avoir rencontré le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine.

Le problème de la durée de la transition se pose également au Burkina Faso, puisque les autorités de Ouagadougou ont affirmé qu’elles n’entendaient pas écourter le calendrier de trois ans qu’elles ont retenu avant de rendre le pouvoir à des civils élus.

Quant à la junte malienne, elle continue de défier la Cedeao puisqu’elle a annoncé le 21 avril le lancement d’un « processus » de transition de « deux ans » alors que celle-ci demandait la tenue d’élections sous 16 mois maximum.

Le Point Afrique

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