CHRONOLOGIE. Le 24 février, les chars russes entraient en Ukraine. Cinq semaines plus tard, l’armée russe annonce se concentrer sur l’est du pays.

Jeudi 24 février. Au Kremlin. Il n’est pas encore six heures du matin et Vladimir Poutine, face caméra, exprime, impassible, sa décision d’« une opération spéciale » en Ukraine. Cette intervention surprise, en direct à la télévision russe, est une déclaration de guerre. Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky décrète aussitôt la mobilisation générale. Et une large part de la communauté internationale décide de premières sanctions visant à « isoler » Moscou. Depuis, les jours se suivent, charriant les horreurs de la guerre. Du terrain au front diplomatique, de Kiev à Moscou en passant par Bruxelles… Le Point résume, jour après jour, l’invasion russe.

  • Vendredi 1er avril : évacuation « impossible » à Marioupol

Les Russes annoncent un « retrait partiel » du nord de la région de Kiev, en ce trente-sixième jour d’invasion russe, zone où les villages de Sloboda et Lukashivka ont été repris par les troupes ukrainiennes. Mais la situation ne s’arrange guère dans la ville portuaire assiégée de Marioupol ; la Croix-Rouge qui devait évacuer des milliers de civils a dû y renoncer, jugeant la mission « impossible ». Aussi, tandis que les pourparlers entre l’Ukraine et la Russie reprennent ce vendredi, une attaque menée, selon Moscou, contre un dépôt de carburant, sur le territoire russe, pourrait peser sur les discussions quant à la fin de l’offensive. Sur le front énergétique – Vladimir Poutine réaffirmant sa position sur le paiement du gaz en roubles pour les pays « inamicaux » –, la France et l’Allemagne se « préparent », selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, à un potentiel arrêt des importations.

  • Jeudi 31 mars : pression sur le gaz russe

Tandis que les troupes russes se retirent du site nucléaire de Tchernobyl – dont elles avaient pris le contrôle au premier jour de l’offensive – et qu’un couvre-feu local est décrété à Marioupol afin d’évacuer les civils vers la ville de Zaporijia, Moscou pose ses conditions quant au gaz. Vladimir Poutine annonce ainsi, à la télévision, que les consommateurs « inamicaux » devront désormais avoir des comptes en roubles, en Russie, pour régler leurs factures. Une mesure touchant particulièrement l’Union européenne, qui importe 40 % de son gaz depuis le pays et cherche à se sevrer de sa dépendance aux hydrocarbures. « J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi », a répondu le chancelier Olaf Scholz.

  • Mercredi 30 mars : Marioupol, « le sujet du moment »

Les frappes s’intensifient en Ukraine, ce mercredi, en dépit de l’annonce faite la veille par Moscou d’une « réduction » de son activité militaire. La ville de Tchernihiv, dans le nord du pays, a fait l’objet de bombardements tout au long de la nuit et « au cours des dernières 24 heures, les Russes ont bombardé à 30 reprises les quartiers habités et les infrastructures civiles, dont la région de Kiev », déclare Olaxandre Pavliouk, gouverneur de la région, sur Telegram. Marioupol, ville portuaire du sud du pays encerclée par les forces russes, est presque intégralement dévastée et le sort de ses habitants inquiète la communauté internationale. « Ce que nous voulons sur Marioupol, c’est un cessez-le-feu, une levée du siège, un acheminement libre de l’aide humanitaire et une libre circulation de la population à Marioupol, a ainsi exprimé le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian. C’est le sujet du moment. »

  • Mardi 29 mars : des doutes sur les promesses de Moscou

Les négociations entre l’Ukraine et la Russie semblent progresser, plus d’un mois après le début de l’offensive, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, évoquant des signaux « positifs » lors des pourparlers avec la Russie, tenus en Turquie. Mais Moscou – à l’origine d’une frappe, ce même jour, à Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine –, qui assure réduire « radicalement » son activité militaire en direction de Kiev et de Tchernihiv, suscite le doute de la communauté internationale sur le « réel sérieux » de ses promesses. Il ne peut y « avoir aucun relâchement de la détermination occidentale tant que l’horreur infligée à l’Ukraine ne sera pas terminée », estiment ainsi Emmanuel Macron, Joe Biden, Boris Johnson, Olaf Scholz et Mario Draghi, dans un communiqué.

  • Lundi 28 mars : près de 4 millions d’Ukrainiens déplacés

Des négociations entre Kiev et Moscou s’ouvrent ce début de semaine à Istanbul, en Turquie, l’Ukraine se disant prête à discuter « en profondeur » de sa « neutralité » – point clé des discussions –, alors que la situation humanitaire à Marioupol, dans l’est du pays, est décrite comme « catastrophique » et qu’au moins 5 000 personnes y ont perdu la vie depuis le début de l’offensive. Un peu plus de 40 000 réfugiés ont fui l’Ukraine ces dernières 24 heures, ce qui porte, selon l’ONU, à près de 3,9 millions le total de personnes qui tentent d’échapper aux combats déclenchés par l’armée russe, le 24 février. Au total, plus de dix millions de personnes, soit un quart de la population, ont dû quitter leur foyer, pour trouver refuge ailleurs en Ukraine ou pour traverser la frontière pour les pays limitrophes.

  • Dimanche 27 mars : mise en garde contre l’escalade

La situation demeure chaotique sur le terrain, ce dimanche, et les forces ukrainiennes lancent plusieurs contre-offensives à Donetsk, Louhansk, Kherson et dans le Donbass, où l’armée russe affirme désormais consacrer l’essentiel de ses forces en vue d’une reconquête – un objectif bien moindre à celui que Moscou affichait jusqu’alors. Sur le plan des négociations, la question de la « neutralité » de l’Ukraine fait désormais l’objet de réflexions de la part du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Tandis qu’Emmanuel Macron, qui s’apprête à échanger avec Vladimir Poutine, revient sur les propos du président américain Joe Biden, qui qualifiait, la veille, le président russe de « boucher », mettant en garde contre une « escalade des mots et des actions en Ukraine ».

  • Samedi 26 mars : Joe Biden qualifie Vladimir Poutine de « boucher »

L’offensive russe se poursuit en Ukraine. Dans la capitale, Kiev, mais aussi à Lviv, ville de l’ouest du pays jusqu’ici épargnée et théâtre de frappes, ce samedi après-midi. De l’autre côté de la frontière, le président américain Joe Biden, en visite à Varsovie, en Pologne, qualifie Vladimir Poutine de « boucher » et assure que la bataille « entre la démocratie et l’autocratie » sera longue. Tandis qu’à Moscou réapparaît dans la vidéo d’une réunion consacrée au budget d’armement de la Russie Sergueï Choïgou, le ministre de la Défense dont l’absence nourrissait, depuis deux semaines, les interrogations.

  • Vendredi 25 mars : quinze ans de prison pour « informations mensongères »

« Le processus de négociation est très difficile », déclare, ce vendredi, le chef de la diplomatie ukrainienne dans un communiqué, alors que la situation reste chaotique dans le pays et que tout « consensus » avec le Kremlin paraît, à ce stade, illusoire. Sur le terrain, les colonnes de blindés n’évoluent que peu autour de la capitale, Kiev, mais à Marioupol la situation humanitaire demeure désastreuse et les forces russes assiègent des villes de l’est du pays. Tandis que sur le front de l’information, arme répressive de contrôle sur son offensive en Ukraine, Vladimir Poutine signe une loi réprimant de peines de prison (jusqu’à quinze ans) les « informations mensongères » sur l’action de Moscou à l’étranger.

  • Jeudi 24 mars : plan d’urgence contre une crise alimentaire

Un mois jour pour jour après le déclenchement de la guerre, les sommets du G7 et de l’Otan, à Bruxelles, soulèvent le spectre d’une crise alimentaire « gravissime » et mettent en place un plan d’urgence pour faire face au manque d’approvisionnement en blé et en céréales russes et ukrainiens de pays dépendants de ces exportations. Mis en garde par Volodymyr Zelensky, dans une vidéo depuis Kiev, sur l’usage d’armes chimiques – un risque jugé très crédible par les Occidentaux –, l’Otan annonce également qu’elle fournirait à l’Ukraine des équipements de protection contre ce type d’attaques. Sur le front des sanctions, Londres annonce de nouvelles mesures (visant 59 personnalités et entreprises russes) et le G7 et l’UE invalident toute transaction impliquant les réserves d’or russes afin d’empêcher que le pays ne contourne les mesures d’isolement financier.

  • Mercredi 23 mars : les entreprises françaises dans le conflit

« Des sponsors de la machine de guerre. » Volodymyr Zelensky, qui s’exprime ce mercredi devant les parlementaires français, exhorte les entreprises de l’Hexagone (Renault, Auchan, Leroy Merlin) à quitter la Russie, tandis que sur le terrain le conflit fait toujours rage. À Marioupol, « en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants », comme le décrit, alors, le président ukrainien. Ou encore à Kiev, où l’offensive s’enlise. « Près de Brovary [périphérie est de Kiev], depuis le nord se déroule une grande bataille […] la petite localité de Makariv [Ouest] et la presque totalité d’Irpin [Nord-Ouest] sont déjà sous contrôle des soldats ukrainiens », fait ainsi savoir Vitali Klitschko, le maire de la capitale, devant la presse, assurant que la résistance ukrainienne mettrait à mal l’armée russe.

  • Mardi 22 mars : situation critique à Marioupol

Le conflit s’enlise en Ukraine, où les troupes russes tentent toujours de progresser vers la capitale, Kiev, une fois de plus placée sous couvre-feu. Aussi, tandis que deux « bombes superpuissantes » (autorités ukrainiennes) frappent, ce mardi, la ville portuaire de Marioupol – où 200 000 civils demeurent bloqués –, Volodymyr Zelensky se dit prêt à « essayer d’aborder tout ce qui contrarie et mécontente la Russie », à la condition que Vladimir Poutine accepte de négocier avec lui. Quand Emmanuel Macron exprimant sa « préoccupation extrême » réclame, dans un nouvel entretien téléphonique avec le chef du Kremlin, « la levée du siège et l’accès humanitaire » à la ville.

  • Lundi 21 mars : couvre-feu et propagande russe

Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa, Mykolaïv… Les bombardements se poursuivent sur nombre de villes ukrainiennes, en ce vingt-cinquième jour de guerre, poussant le maire de la capitale, Vitali Klitschko, à décréter un nouveau couvre-feu. Aussi, tandis que l’Union européenne qualifie la dévastation de la ville assiégée de Marioupol de « crime de guerre majeur », le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, appelle la Chine à « jouer un rôle important » afin de trouver une solution mettant fin au conflit. Sur le front de la propagande, la Russie, visant un contrôle total de l’information en ligne, interdit par voie de justice les géants des réseaux sociaux Facebook et Instagram. « Interdits pour cause d’activité extrémiste » précise, en ces termes, le tribunal dans un communiqué publié sur Telegram.

  • Dimanche 20 mars : l’urgence de nouveaux pourparlers

Dix millions. C’est le nombre de personnes ayant fui leurs foyers en raison de la guerre « dévastatrice » menée par la Russie, annonce ce dimanche le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « Ni faciles ni plaisants », des pourparlers pour la paix constituent ainsi une urgence pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que les bombardements se poursuivent et s’intensifient dans le pays. « Ce n’est pas une chose facile que de parvenir à s’entendre pendant que la guerre continue, que des civils sont tués, mais […] la dynamique progresse », déclare, ce même jour, le ministre des Affaires étrangères turc, dont le pays, sans s’aligner sur les sanctions occidentales, multiplie les efforts de médiation entre Kiev et Moscou.

  • Samedi 19 mars : missile hypersonique et appel aux négociations 

« Des négociations portant sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine sont la seule chance pour la Russie de minimiser les dégâts causés par ses propres erreurs », plaide Volodymyr Zelensky dans une vidéo filmée dans la nuit de vendredi à samedi, dans une rue déserte de Kiev. « Autrement, les pertes pour la Russie seront telles qu’il faudra plusieurs générations pour qu’elle s’en remette », prévient-il aussi, pressant Moscou d’entrer dans de véritables négociations. Et pour cause, sur le terrain, le pays intensifie son offensive, annonçant l’emploi, pour la première fois, d’un missile hypersonique dans l’ouest du pays et visant une base militaire de Mykolaïv faisant plusieurs dizaines de morts.

  • Vendredi 18 mars : la position ambiguë de la Chine 

Ce conflit n’est « dans l’intérêt de personne ». Malgré les mises en garde, le président chinois Xi Jinping, pressé par les États-Unis de prendre ses distances avec la Russie, entretient, ce vendredi, l’ambiguïté quant à sa position dans le conflit. Tandis que, sur le terrain, les bombardements se poursuivent. À Kiev, à Kharkiv mais aussi à Marioupol, où la situation est jugée « critique » par la mairie, les bombardements étant « ininterrompus » et les destructions « colossales ». Des centaines de civils, visés deux jours auparavant par l’aviation russe, demeurent, ainsi, sous les décombres du théâtre de la ville, dans laquelle ils s’étaient réfugiés.

  • Jeudi 17 mars : la Russie devra « rendre des comptes »

Trois semaines après le début de l’offensive, le Kremlin, rejetant l’ordre de la Cour internationale de justice de suspendre immédiatement l’invasion, poursuit les bombardements en Ukraine. 350 000 civils restés à Marioupol continuent ainsi « de se cacher dans des abris et des caves », indique ce jeudi la mairie de la ville assiégée, d’où quelque 30 000 personnes ont pu être évacuées. Aussi, les auteurs de ce que l’on qualifie désormais de crimes de guerre devront « rendre des comptes » devant la justice internationale, préviennent les ministres des Affaires étrangères du G7, soulignant, dans une déclaration commune, qu’une « collecte de preuves » était en cours.

  • Mercredi 16 mars : à Marioupol, un théâtre bombardé

« Un succès ». C’est en des termes défendant vertement l’invasion de l’Ukraine que Vladimir Poutine qualifie, ce mercredi, l’opération militaire engagée le 24 février. Trois semaines après le début de l’offensive, la détermination des deux camps n’empêche, toutefois, pas la poursuite de pourparlers – les négociateurs russes discutant désormais d’un « compromis » qui ferait de l’Ukraine un pays « neutre », un modèle rejeté par Kiev. Tandis qu’à Marioupol, ville assiégée, les forces russes bombardent un théâtre abritant plusieurs centaines de civils, dont on ignore encore le sort, Volodymyr Zelensky formule un appel à l’aide vibrant réclamant notamment l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne – face au Congrès américain. Quand, à Moscou, Olga Smirnova, ballerine star du Bolchoï, claque la porte de la prestigieuse troupe, s’opposant ainsi publiquement à la guerre.

  • Mardi 15 mars : les frappes s’intensifient

Kiev vit « un moment dangereux et difficile ». Symbole d’une guerre plus rude, Vitali Klitschko, le maire de la capitale – vidée de la moitié de ses trois millions d’habitants – a décrété, ce mardi, un couvre-feu, jusqu’au surlendemain, 7 heures. En proie aux frappes russes, la ville attend néanmoins la visite des Premiers ministres polonais, tchèque et slovène venus rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre Denys Chmygal. L’offensive s’étend dans le pays – jetant sur les routes de l’exil plus de trois millions d’Ukrainiens – alors que les délégations russe et ukrainienne ont repris leurs pourparlers.

  • Lundi 14 mars : la guerre s’étend malgré les pourparlers

L’armée russe « n’exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées », annonce le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en ce dix-huitième jour de conflit, tandis qu’un nouveau round de pourparlers russo-ukrainiens est en cours. L’offensive s’élargit à l’ensemble du pays. À Kiev, qui, vidée de plus de la moitié de ses trois millions d’habitants, est presque entièrement encerclée. Ou encore à Antopil, ville de l’ouest de l’Ukraine, où une frappe des forces russes visant une tour de télévision a fait neuf morts. Une situation qui pousse l’Union européenne à décider d’un quatrième train de sanctions contre Moscou, et particulièrement contre le milieu d’affaires. Sur le front de l’information, en dépit de lois prévoyant de lourdes peines pour les voix dissonantes au Kremlin, les téléspectateurs russes assistent, ce lundi soir, à une scène rarissime. Faisant irruption dans le journal télévisé le plus regardé de Russie, une journaliste déploie une pancarte avec le message suivant : « Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment, ici. » Elle est arrêtée dans la foulée.

  • 13 mars : mort du premier journaliste étranger sur le terrain

2 187. C’est le nombre de morts civils que déplore la mairie de la cité portuaire de Marioupol ce dimanche. « Les occupants frappent cyniquement et délibérément des bâtiments résidentiels, des zones densément peuplées, détruisent des hôpitaux pour enfants et infrastructures urbaines », insiste-t-elle, dans un message posté sur Telegram. Dans le reste du pays, aussi, les tensions s’exacerbent : quelques heures plus tôt, à 8 h 30 du matin, les forces russes arrêtaient le maire de la ville de Dniproroudné, après celui de Melitopol et de nouvelles frappes russes visaient, dans la nuit, une base militaire près de la frontière polonaise (35 morts). Kiev, quant à elle, résiste mais redoute plus que jamais l’encerclement. Dans sa banlieue, à Irpin, le journaliste américain Brent Renaud, touché par des balles visant la voiture dans laquelle il circule, est le premier journaliste étranger à payer de sa vie la couverture de l’offensive.

  • 12 mars : Kiev encerclé, Marioupol bloqué 

De Mykolaïv à Odessa en passant par Dnipro ou Kharkiv, les médias locaux rapportent le retentissement de sirènes d’avertissement anti-bombardement sur l’ensemble du territoire, ce samedi matin. Les forces russes resserrant l’étau sur Kiev, poursuivent ainsi sans répit les bombardements sur d’autres villes ukrainiennes. Comme à Marioupol, dévastée par près de deux semaines de siège, et où les civils sont privés de nourriture, d’eau, de gaz, d’électricité et de communication. Une situation qualifiée d’ « humainement insoutenable » par Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz, qui exhortent, en entretien avec Vladimir Poutine, la Russie à lever le siège de la cité portuaire. « On a commencé à parler », et Moscou « ne pose plus simplement des ultimatums », assurera quant à lui Volodymyr Zelensky, à l’issue de pourparlers avec le Kremlin. Cela « constitue une approche fondamentalement différente », veut croire le président ukrainien.

  • 11 mars : pression accrue sur la Russie

Réunis en sommet à Versailles, les Européens accroissent encore la pression sur la Russie afin qu’elle cesse son offensive militaire. « Rien n’est interdit, rien n’est tabou. Nous sommes prêts à sanctionner, au-delà de ce qui a été fait », prévient ainsi Emmanuel Macron, accordant avec les 27 une enveloppe de 500 millions d’euros – s’ajoutant à une première du même montant – à l’Ukraine. Sur le terrain, la capitale, Kiev, résiste aux soldats russes, qui, après avoir atteint ses faubourgs, poursuivent leurs manœuvres d’encerclement. Kharkiv, dans le nord-est du pays, fait toujours l’objet de frappes. Jusqu’ici épargnée par les forces russes, Dnipro, ville du centre de l’Ukraine, supposée être le lieu d’arrivée d’un couloir humanitaire, est désormais, elle aussi, la cible de raids et se réveille dans un paysage de désolation.

  • 10 mars : les 27 au sommet de Versailles

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent, ces jeudi et vendredi, en sommet à Versailles, afin d’élaborer des réponses économiques et militaires à l’invasion russe. Mais Moscou se montre plus déterminé que jamais à poursuivre l’offensive. La Russie va « continuer [son] agression » jusqu’à la « capitulation », assure, ainsi, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, lors d’une rencontre tenue en Turquie avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba. Sur le front, l’armée russe, désormais aux portes de Kiev, poursuit sa manœuvre d’encerclement tout en promettant l’ouverture quotidienne de couloirs humanitaires vers la Russie. Une proposition rejetée par l’Ukraine, qui réclame des corridors menant à des régions sûres de son pays, et déplore la mort d’au moins 71 enfants depuis le début de l’offensive, le 24 février.

  • 9 mars : un hôpital pédiatrique pris pour cible

« Arrêtez les massacres ! » implore le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après qu’une frappe russe a visé, ce mercredi, un hôpital pédiatrique à Marioupol, où neuf jours de siège russe ont déjà fait 1 207 morts parmi les civils (mairie de la ville). Alors que l’Ukraine et la Russie ont trouvé un accord sur des cessez-le-feu destinés à la mise en place de couloirs humanitaires autour des zones les plus frappées par les combats, la situation se tend sur le terrain, en ce treizième jour d’offensive. Et à la veille de discussions entre les chefs des diplomaties russe et ukrainienne en Turquie – la première rencontre à ce niveau depuis le début de l’invasion russe le 24 février –, les forces russes encerclent peu à peu Kharkiv, Tchernihiv et la capitale, Kiev, dont la ligne de front ne se trouve plus qu’à une quinzaine de kilomètres et qui se prépare à l’assaut.

  • 8 mars : des milliers d’Ukrainiens tentent de fuir

L’offensive russe se poursuit en Ukraine et des milliers de civils tentent, ce mardi, de quitter leurs villes bombardées ou encerclées par les forces du Kremlin. Trois cent mille d’entre eux sont, ainsi, coincés à Marioupol, selon le ministère ukrainien de la Défense, qui accuse Moscou de ne pas respecter le couloir humanitaire mis en place : « L’ennemi a lancé une attaque exactement en [cette] direction. » Dans le même temps, de premiers Ukrainiens – des habitants de Soumy, dans le nord du pays – sont évacués par ces couloirs, vers le centre du pays. Sur le front économique, si l’Europe se refuse encore à décréter un embargo sur les importations russes – elles assurent respectivement 30 % et 40 % de ses besoins en pétrole et gaz naturel – les États-Unis, en suspendant ces mêmes importations, marquent un nouveau cap dans les sanctions infligées à Moscou.

  • 7 mars : la perspective de couloirs humanitaires

Un « cynisme moral et politique ». Emmanuel Macron dénonce en ces termes, ce lundi, la proposition de Vladimir Poutine d’ouvrir, en Ukraine, plusieurs couloirs humanitaires, dont la moitié rejoint la Russie ou la Biélorussie – pays allié depuis lequel l’armée a lancé son offensive le 24 février. Une proposition aussitôt rejetée par le gouvernement ukrainien, tandis que l’ONU réclame des « couloirs sûrs pour fournir de l’aide humanitaire dans les zones d’hostilités ». « Les civils dans des endroits comme Marioupol, Kharkiv, Melitopol et ailleurs ont désespérément besoin d’aide, en particulier de fournitures médicales vitales », précise, ainsi, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths. Sur le front diplomatique, Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz prévoient d’échanger avec le président chinois Xi Jinping, Pékin s’étant déclaré « disposé » à participer à une médiation internationale pour mettre fin à la guerre.

  • 6 mars : intenses bombardements russes

1,5 million d’Ukrainiens ont fui leur pays, en ce dixième jour de conflit, constituant, depuis la Seconde Guerre mondiale, la crise migratoire la plus rapide en Europe (ONU). Et aucun signe d’accalmie ne se dessine sur le territoire. La Russie « se prépare à bombarder Odessa », accuse le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dénonçant un potentiel « crime historique », contre cette ville d’un million d’habitants, proche de la frontière moldave, où affluent les réfugiés. Tandis que de violents combats éclatent à Kiev et pour le contrôle des villes de Mykolaïv, dans le Sud, et de Tchernihiv, dans le Nord. À Moscou, Vladimir Poutine ne fléchit pas. Déterminé à atteindre ses objectifs « par la négociation ou par la guerre », indique l’Élysée, après qu’Emmanuel Macron – soucieux d’obtenir cessez-le-feu et couloirs humanitaires – s’est entretenu ce dimanche avec son homologue russe.

  • 5 mars : des sanctions comme une « déclaration de guerre »

L’armée russe poursuit son offensive sur plusieurs fronts. Particulièrement à Kiev, où la résistance ukrainienne se montre résolue à défendre la capitale, à Kharkiv, théâtre de bombardements parmi les plus intenses depuis le début du conflit et à Tchernihiv, où des dizaines d’Ukrainiens ont été tués ces derniers jours. Dans la ville portuaire de Marioupol, où l’évacuation de civils qui devait se tenir ce samedi a été reportée en raison de multiples violations de cessez-le-feu, les troupes russes poursuivent, aussi, leur assaut. Et il s’avère impossible, en ce neuvième jour de guerre, d’établir un bilan fiable : Kiev faisant état d’au moins 350 civils et plus de 9 000 soldats russes tués, quand Moscou évoque 2 870 côté ukrainien et 498 côté russe. Sur le front diplomatique, Vladimir Poutine, qui compare les sanctions imposées à son pays à « une déclaration de guerre », met en garde l’Occident : tout pays participant à une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine – mesure réclamée par Kiev et rejetée par l’Otan – sera considéré comme cobelligérant.

  • 4 mars : la centrale nucléaire de Zaporijia aux mains des Russes

« Nous avons survécu à une nuit qui aurait pu mettre un terme à l’histoire. L’histoire de l’Ukraine. L’histoire de l’Europe. » Le propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky traduit, ce vendredi, la gravité et l’angoisse de l’ensemble d’un pays, après l’attaque de la centrale nucléaire de Zaporijia, désormais aux mains des forces russes. Une opération considérée comme « irresponsable » par l’Otan. Tandis que sur le terrain, les combats se poursuivent à Marioupol – 40 heures ininterrompues de bombardements – et à Tchernihiv, au nord de Kiev, où les forces russes ciblent écoles et zones résidentielles. Sur le front de la propagande aussi, le conflit s’amplifie : les journalistes publiant sur le sol russe des « informations mensongères » pouvant désormais faire l’objet de quinze ans de peine de prison.

  • 3 mars : une première grande ville aux mains des Russes

Une semaine jour pour jour après le début de l’offensive, l’issue du conflit paraît plus lointaine que jamais en Ukraine. La première grande ville du pays, Kherson (290 000 habitants), est tombée, dans la nuit, aux mains des forces russes. Quand, plus à l’est, le port stratégique de Marioupol résiste encore péniblement à l’invasion. Aussi, et tandis que la session de pourparlers, organisée en Biélorussie, n’a pas abouti au cessez-le-feu espéré par l’Ukraine, son président, Volodymyr Zelensky, rassure ses concitoyens : « Nous allons reconstruire chaque immeuble, chaque rue, chaque ville. » Et formule à l’adresse de Moscou : « Vous allez nous rembourser pleinement tout ce que vous avez fait contre notre État. » Côté russe, Vladimir Poutine confirmera, lors d’un échange téléphonique tendu avec Emmanuel Macron, sa volonté de poursuivre « sans compromis » son offensive, précisant que ses opérations « s’aggraveraient » si les Ukrainiens n’acceptaient pas ses conditions.

  • 2 mars : les villes ukrainiennes sous le feu de la Russie

L’offensive est désormais généralisée, en ce septième jour de conflit. S’il règne à Kiev, au lendemain de frappes ciblées sur la tour de télévision – faisant cinq morts –, un calme relatif, la situation se complique à Kharkiv, deuxième ville du pays, située quelque 500 kilomètres plus à l’est, désormais sous le feu des bombardements et troupes aéroportées. Aussi le nombre de réfugiés ukrainiens bondit-il de près de 200 000 en vingt-quatre heures (décomptes de l’ONU), portant à 874 000 le nombre de personnes ayant fui depuis le 24 février, principalement pour des pays limitrophes. Tandis que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, accuse Moscou de se rendre coupable de « crime de guerre » et appelle l’ONU à exiger un retrait des troupes, l’opposant au pouvoir russe Alexeï Navalny pousse ses concitoyens à braver l’interdiction des autorités à manifester contre la guerre en Ukraine.

  • 1er mars : Moscou intensifie l’offensive

Au lendemain de pourparlers infructueux, sur fond de sanctions occidentales croissantes contre la Russie, les combats se poursuivent et s’intensifient dans le pays, particulièrement à Kiev, Kharkiv et dans le port de Marioupol. Mais alors que la pression monte sur les grands groupes pétroliers et gaziers occidentaux présents en Russie – dont le pays tire la majorité de ses revenus –, Moscou persiste et signe. Son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, assurant poursuivre l’offensive « jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints ». Aussi et tandis que croît, chaque jour, le nombre de victimes civiles, ce dernier nie que les forces russes visent des habitations, affirmant que l’armée russe « n’occupe pas l’Ukraine » et que l’Occident « cherche à utiliser le peuple ukrainien » contre Moscou.

  • 28 février : de premiers pourparlers

En ce cinquième jour d’une guerre qui a déjà poussé plus de 500 000 Ukrainiens à fuir leur pays, des délégations russe et ukrainienne entament ce lundi des pourparlers à la frontière avec la Biélorussie, dans l’une des résidences du président Alexandre Loukachenko. Peu conclusives, ces négociations, qui interviennent alors que les forces de Vladimir Poutine rencontrent une vive résistance de l’armée ukrainienne et que les sanctions occidentales ébranlent l’économie russe, feront l’objet d’un « deuxième round ». Dans un discours en visioconférence, le président ukrainien Volodymyr Zelensky implore, pour sa part, les eurodéputés réunis en séance extraordinaire à Bruxelles, d’intégrer « sans délai » son pays à l’Union européenne : « Je suis sûr que c’est juste, je suis sûr que c’est possible. » Sur le terrain de l’information et bien que l’armée russe reconnaisse désormais « des morts et des blessés » dans ses rangs, Meta (maison mère de Facebook) restreint l’accès aux médias Russia Today et Sputnik – émanations du pouvoir russe – sur ses plateformes, afin de lutter contre la propagande du Kremlin.

  • 27 février : la menace nucléaire

Tandis que les forces ukrainiennes affirment avoir repoussé une percée russe à Kharkiv, deuxième ville du pays, la Russie poursuit sa progression dans l’ancienne république soviétique, toujours en prise avec les tentatives de contrôle de sa capitale, Kiev. Aussi les États membres de l’Union européenne débloquent-ils 450 millions d’euros pour l’achat d’armes à l’Ukraine et accentuent leurs sanctions contre Moscou – comme la fermeture de leur espace aérien aux avions russes ou l’exclusion de nombreuses banques russes du système interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. Face à la durée des combats – quatre jours d’offensive –, Vladimir Poutine brandit, dans une retransmission télévisée, le spectre de la menace nucléaire. « J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat », exprime-t-il froidement, face caméra, devant ses chefs militaires. La Russie peut-elle recourir à la bombe atomique ? La communauté internationale, craignant une escalade, s’interroge.

  • 26 février : Kiev sous couvre-feu

La situation s’est envenimée dans la nuit, dans le centre de la première ville du pays, cible principale des forces russes. Si Moscou ne communique aucun chiffre, le ministre ukrainien de la Santé Viktor Liachko déplore la mort de 198 civils et 1 115 blessés, poussant la mairie de Kiev à décréter un couvre-feu jusqu’à lundi, 8 heures. Mais la résistance est tenace, et sur les réseaux sociaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky – qui promet de rester à Kiev – encourage ses concitoyens : « Nous avons tenu bon et repoussons avec succès les attaques ennemies […]. C’est notre armée qui contrôle Kiev et les villes clés autour de la capitale. » À Moscou, plusieurs milliers de manifestants contre l’invasion en Ukraine sont arrêtés. Et, signe que ce conflit se joue aussi sur le front de l’information, le régulateur ordonne à certains médias russes de supprimer le terme d’« invasion » de leur vocabulaire. Du côté de la communauté internationale, un renforcement des sanctions économiques et financières à l’égard de la Russie se met en place et les États-Unis annoncent une aide militaire de 350 millions de dollars à l’Ukraine.

  • 25 février : l’étau se resserre autour de Kiev

Au deuxième jour de l’invasion, les forces russes resserrent leur étau autour de la capitale ukrainienne, alourdissant le bilan humain (137 morts) et faisant plus de 100 000 déplacés en direction des frontières, de la Pologne et de la Moldavie. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, affirme ainsi que l’armée russe vise des zones civiles et appelle les Européens à se rendre en Ukraine : « Si vous avez une expérience du combat et que vous ne voulez plus regarder l’indécision de vos responsables politiques, vous pouvez venir dans notre pays pour défendre l’Europe. » Reprochant à l’Union européenne une réponse trop « lente » face à l’invasion de Moscou, il l’appelle aussi à alourdir les sanctions contre la Russie. Tout en dénonçant sa « duplicité », Emmanuel Macron, qui a eu la veille, avec Vladimir Poutine, un « échange franc, direct, rapide », juge crucial de « laisser ouvert le chemin » du dialogue avec le chef du Kremlin. Et annonce, depuis Bruxelles, accélérer les déploiements de soldats en Roumanie, dans le cadre de l’Otan.

  • 24 février : invasion russe, jour 1

« J’ai pris la décision d’une opération spéciale. » Il est 5 h 48 à Moscou. Glacial, Vladimir Poutine donne le signal des hostilités en direct à la télévision russe. Trois jours après la reconnaissance de l’indépendance des territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, c’est la bascule : le chef du Kremlin annonce « une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine ». Depuis l’est, le nord et la Crimée, les troupes russes pénètrent un pays qui se réveille en guerre et comptabilise dès les premières heures, plusieurs dizaines de morts. En riposte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle son peuple à prendre les armes, décrétant, depuis Kiev, la mobilisation générale. Les 27 membres de l’Union européenne se réunissent, aussitôt, à Bruxelles et décident d’un train de sanctions (finance, énergie, transports) contre la Russie. « Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent », assure la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. « Les événements de cette nuit sont un tournant dans l’histoire de l’Europe et de notre pays », avertit, quant à lui, le président français Emmanuel Macron, au sortir d’un conseil de défense réuni en urgence. « Nous appuierons l’Ukraine sans hésiter, et nous prendrons toutes nos responsabilités pour protéger la souveraineté et la sécurité de nos alliés européens », promet-il alors.

  • Novembre 2021 : l’Ukraine s’inquiète de signaux de Moscou

Tandis que les tensions sont au plus haut, depuis plusieurs semaines, entre les deux voisins, déjà à couteaux tirés depuis l’annexion de la Crimée (2014) et d’un conflit entre Kiev et des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’inquiète, vendredi 26 novembre, de signaux « très dangereux » de la Russie, accusée d’avoir déployé des troupes à la frontière. Tout en se disant « entièrement préparé » à une éventuelle escalade militaire, ce dernier accuse la Russie de chercher un prétexte pour intervenir militairement dans son pays, citant les critiques exprimées par le Kremlin sur une présence de l’Otan en Ukraine et les accusations selon lesquelles Kiev saperait le processus de paix avec les séparatistes. Les États-Unis, l’Otan et l’Union européenne ne cessent, alors, d’exprimer leur inquiétude concernant des mouvements des Russes à la frontière, s’alarmant d’une possible invasion de Moscou, qui dément tout plan en ce sens et accuse Kiev et les Occidentaux d’aggraver les tensions.

Par Alice Pairo-Vasseur (avec AFP)

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