Moscou accuse l’Otan et l’UE d’avoir fait de l’organisation un instrument au service de « leur expansion militaro-politique et économique à l’est ».

La pression de l’armée russe s’accentue sur Kiev. La mairie de la capitale ukrainienne a imposé un couvre-feu de 36 heures à partir de mardi soir dans la ville qui vit un « moment dangereux et difficile », a annoncé le maire Vitali Klitschko. La circulation sera interdite dans la ville jusqu’à 7 heures du matin jeudi, alors que Kiev a été bombardée à plusieurs reprises mardi matin. Les déplacements seront interdits sans autorisation spéciale, à part pour aller dans les refuges souterrains antibombardements.

La quatrième session de pourparlers entre l’Ukraine et la Russie a repris mardi après une pause la veille. Au menu des discussions figurent notamment un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes du territoire ukrainien. Les deux camps ont affiché un certain optimisme ces derniers jours, même si le Kremlin a estimé mardi qu’il était prématuré de faire tout « pronostic ». Le président ukrainien a admis mardi que son pays ne pourrait pas intégrer l’Otan. Une telle adhésion est l’une des raisons qui ont motivé l’invasion des forces russes. « Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer. C’est la vérité et il faut le reconnaître », a déclaré Volodymyr Zelensky en visioconférence mardi.

Une résolution humanitaire proposée par la Russie

De son côté, la Russie a proposé à ses 14 partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU de voter mercredi sur une résolution « humanitaire » liée à « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine. Lors d’une rencontre avec la presse, l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassili Nebenzia, a regretté que la France et le Mexique aient renoncé à soumettre au vote ce projet de résolution après 15 jours de discussions, en préférant demander un vote directement à l’Assemblée générale des Nations unies.

La Russie a également annoncé des sanctions non précisées contre Joe Biden et 12 hauts responsables américains, dont le secrétaire d’État Antony Blinken, en réponse aux mesures punitives de Washington contre Moscou en lien avec l’Ukraine. Cette mesure est « la conséquence inévitable du cap extrêmement russophobe que poursuit l’actuelle administration américaine », selon le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Dans le même temps, Moscou a décidé d’engager mardi la procédure de sortie du Conseil de l’Europe, accusant l’Otan et l’UE d’en avoir fait un instrument au service de « leur expansion militaro-politique et économique à l’Est ».

De nouvelles sanctions envers l’élite russe

L’Union européenne a interdit mardi l’exportation en Russie de ses berlines de luxe, champagne, bijoux et autres articles prisés par les élites qui soutiennent le président Vladimir Poutine. Objectif : sanctionner leur style de vie somptueux pendant la guerre menée en Ukraine. Une liste de produits et de biens de luxe approuvée par les États membres a été publiée au Journal officiel. Elle compte 14 pages et concerne les produits des secteurs des loisirs, du luxe et des technologies de l’UE.

Un sommet extraordinaire des dirigeants des pays de l’Alliance sera organisé le 24 mars à Bruxelles, où se tiendra aussi une réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’UE en présence de Joe Biden. Le sommet de l’Otan portera sur les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le ferme soutien à l’Ukraine et le renforcement de la dissuasion et de la défense de l’Otan face à une nouvelle réalité pour la sécurité européenne.

Les conditions sont catastrophiques à Marioupol

Un total de 97 enfants ont été tués depuis le début de la guerre, a déclaré mardi devant le Parlement canadien le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a appelé les alliés de Kiev à « accentuer leur aide ». Ils ont péri dans les bombardements des Russes dans « des écoles, des hôpitaux, des habitations ». « Nous ne demandons pas grand-chose. Nous demandons un soutien réel, qui nous aidera à l’emporter », a-t-il ajouté devant les députés canadiens qui l’ont acclamé debout pendant plusieurs minutes.

L’aéroport de la ville de Dnipro, dans l’est du pays, a subi des « destructions massives », après deux bombardements russes dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué les autorités régionales. Après des jours de bombardements et de siège, les conditions sont catastrophiques à Marioupol, assiégée par les forces russes et les séparatistes prorusses. Quelque 2 000 véhicules ont pu sortir de la cité portuaire via un couloir humanitaire, selon la municipalité, qui ne précise pas combien de personnes ont pu fuir la ville ukrainienne.

Le POINT FR/Source AFP

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