Il y a quelques semaines, les anciens présidents de la transition CNDD (Moussa Dadis Camara, Sékouba Konaté) ont été autorisés par le CNRD, dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, à rentrer au pays après onze ans d’exil. C’était à travers un communiqué lu à la télévision nationale que cette annonce a été faite, à la grande joie des proches de deux personnes concernées.
Le dimanche dernier, le général Sékouba Konaté a été reçu à Saana (Kankan) par les siens dans une atmosphère bon enfant.
Ce mercredi 22 décembre, c’est au tour de Moussa Dadis Camara de fouler le sol de sa Guinée natale. Il a été accueilli à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry par des proches et de nombreux partisans.
Pour rappel, c’est au lendemain de la mort du général-président Lansana Conté, en décembre 2008, que le capitaine Moussa Dadis Camara et ses compagnons du CNDD se sont emparés du pouvoir. La suite, on la connaît. Le 3 décembre 2009, le chef de la junte a survécu à une tentative d’assassinat de la part de son aide de camp, Toumba Diakité. Grièvement blessé à la tête, Dadis a été évacué d’urgence au Maroc pour y recevoir des soins appropriés. Par la suite, il est allé poursuivre sa convalescence, à Ouagadougou, au Burkina Faso, le pays de Blaise Compaoré, celui qui était alors le médiateur dans la crise guinéenne. Quant au général Sékouba Konaté, le deuxième vice-président du CNDD, il a eu l’insigne honneur de conduire la deuxième phase de la transition qui aboutira à l’élection du Pr. Alpha Condé à la magistrature suprême du pays. Pendant toute la présidence de ce dernier, le général Sékouba Konaté est resté loin de la Guinée.
C’est finalement le CNRD, à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya, qui est venu donner l’opportunité à ces deux anciens chefs d’Etat de revenir au bercail.
Mais il y a un fait que l’on ne peut pas occulter, c’est le dossier du 28 septembre qui attend le capitaine Moussa Dadis Camara. Un dossier relatif au massacre du 28 septembre 2009 (plus de 150 morts et des dizaines de femmes et de filles violées).
Donc au-delà de la légitime joie qu’éprouvent les soutiens de Dadis, ces derniers ne devraient pas perdre de vue cette épée de Damoclès que représente le procès du massacre du 28 septembre dont la tenue est réclamée avec insistance aussi bien par les victimes que par la Cour pénale internationale. Dans ses différentes déclarations, Dadis s’est toujours dit prêt à affronter la justice pour être blanchi dans cette affaire. Il est annoncé le 26 décembre prochain à N’zérékoré.
Kèfina Diakité