Excellence Monsieur le Président du Comité National pour le Rassemblement et le Développement, Chef de l’Etat, Commandant en Chef des Forces Armées,

Je me fais le devoir citoyen d’attirer respectueusement votre aimable attention sur un sujet qui semble échapper aux services spécialisés de l’Etat.  Il s’agit en effet de cette prolifération de séries et de films étrangers diffusés sur les chaînes de télévisions publiques et privées. La Guinée doit être fière de sa production culturelle.

Monsieur le Président du CNRD,  Chef de l’Etat

Sous la première République, les Ballets africains, le Ballet national Djoliba, le Bembeya Jazz, l’Ensemble instrumental national, le Horoya Band, les Amazones de Guinée, Balla et ses Baladins, Kèlètigui et ses Tambourinis, les Sofas de Camayenne ont porté haut le flambeau de la culture guinéenne pendant les nombreuses tournées qu’elles ont effectuées aux quatre coins du monde.

Monsieur le Président du CNRD, Chef de l’Etat

Sous la deuxième République, la création des troupes artistiques, dont les productions étaient diffusées à la RTG, a été bien accueillie dans le pays et à l’étranger. Tout le monde se souvient encore des troupes Pèssè, Benso Sodia, Lewru Djéré et autre Benda qui ont égayé des générations de Guinéens.

 

Monsieur le Président du CNRD,  Chef de l’Etat

Aujourd’hui, comme indiqué plus haut, l’on assiste de plus en plus à une prolifération incontrôlée de séries et de films étrangers diffusés sur les chaînes de télévisons publiques et privées, comme si les Guinéens ne trouvent plus rien d’intéressant et de captivant dans ce que font leurs cinéastes, humoristes, musiciens.  Les troupes Pèssè, Benso Sodia, Lewru Djéré ou Benda ont été remplacées au fil des années par des séries sud-américaines, mexicaines, indiennes, américaines et européennes dont le contenu n’a rien à voir avec nos réalités.

Monsieur le Président du CNRD, Chef de l’Etat

Les pauvres pères de familles se voient littéralement imposer ces séries produites ailleurs, de surcroît qui ne collent pas avec notre mode de vie et où les scènes obscènes foisonnent.  Les journaux d’information, les émissions valorisant la culture locale, à travers la musique, l’humour, le théâtre, l’art, la peinture, le cinéma, les ballets, la danse traditionnelle sont désormais, à des degrés différents, ignorées  aussi bien par les femmes friandes de séries que par la couche juvénile tournée vers des genres musicaux propres aux Occidentaux.

 

Monsieur le Président du CNRD, Chef de l’Etat

 

Il est temps que les services spécialisés de l’Etat (Haute Autorité de la  Communication, le ministère de la Communication, la Radiodiffusion Télévision Guinéenne, le ministre de la Culture et du Patrimoine historique) soient mis à contribution pour un recours progressif à la normale. L’on ne saurait fouler au pied ses valeurs culturelles au profit de celles des autres et espérer que ces derniers aient de la considération pour vous. Comme dit l’autre, à juste raison, chaque peuple a sa propre culture qu’il se doit de défendre et de promouvoir.

 

Monsieur le Président du CNRD, Chef de l’Etat

 

Nous ne doutons un seul instant que vous vous inscrirez, pendant cette transition qui s’ouvre, dans la défense de nos valeurs culturelles, en donnant des instructions fermes aux services cités plus haut pour que vos compatriotes réapprennent prioritairement à écouter guinéen, à regarder guinéen, à danser guinéen et à chanter guinéen.

Kèfina Diakité,

Citoyen attaché à la culture guinéenne

 

 

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