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Tout savoir sur son microbiome cutané

 En collaboration avec Dr Nina Roos (dermatologue) et Anne-Laure Demessant, docteur en Pharmacie

Notre peau dispose également de son propre microbiome. Zoom sur cette incroyable vie microscopique qui nous veut que du bien.

Sommaire

  1. Qu’est-ce que le microbiome cutané ?
  2. Quel est le rôle du microbiome cutané ? 
  3. Pourquoi est-il différent d’une zone à une autre ?
  4. Quels troubles peuvent se déclencher en cas de déséquilibre ?
  5. Comment préserver l’équilibre de son microbiome ?

Notre organisme est constitué de cellules humaines et d’un nombre incalculable de bactéries, pour la plupart bénéfiques. C’est ce qu’on appelle le microbiote. Notre peau dispose également de son propre microbiome. Zoom sur cette incroyable vie microscopique qui nous veut que du bien.

Qu’est-ce que le microbiome cutané ?

Le corps humain est constitué d’un microbiote qui regroupe la totalité des micro-organismes de la peau, des muqueuses, de la salive et des sécrétions génitales. Nous possédons tous notre propre microbiome qui représente la diversité génétique des micro-organismes du microbiote. “Plus de 500 espèces différentes de bactéries, de virus, de champignons et même d’acariens vivent en permanence sur et dans notre peau. C’est tout un monde microscopique, et donc invisible à l’œil nu, qui cohabite dans un équilibre propre à chaque individu et qui ne cesse d’évoluer”, précise le Dr Demessant, docteur en Pharmacie et responsable communication scientifique La Roche-Posay International, avant de poursuivre : “Le microbiome cutané est aussi unique pour chaque individu que le sont ses empreintes digitales. En effet, chaque microbiome est le reflet du patrimoine génétique de son hôte (c’est-à-dire nous), de ses habitudes alimentaires, de son style de vie, de son exposition au stress, de sa profession, de son âge, de son hygiène, des médicaments qu’il consomme ainsi que des personnes et des animaux avec lesquels il cohabite…”. En d’autres termes, chaque microbiote est propre à chacun en ce qu’il dépend de notre vie et de nos habitudes.

Quel est le rôle du microbiome cutané ? 

Notre microbiome a vocation à nous protéger. A condition d’évoluer dans le cadre d’un microbiome “équilibré”, ces bactéries veillent à défendre l’organisme d’agressions extérieures mais aussi internes du fait de certaines inflammations. “Le rôle de notre microbiome est d’interférer les mauvaises bactéries, précise la dermatologue Nina Roos. C’est en quelque sorte notre premier organe de défense. Plus notre flore est riche et variée, plus c’est signe de bonne santé”.

Une protection contre les agressions extérieures

“Les bactéries commensales (qui sont celles qui sont naturellement présentes sur notre peau et qui ouvrent à notre santé) forment une barrière protectrice contre les agressions extérieures : elles renforcent notre barrière cutanée, elles nous protègent contre les bactéries pathogènes (soit en accaparant les nutriments à leur détriment, soit en les éliminant directement grâce à la sécrétion de substances antimicrobiennes) empêchant ainsi les infections” précise le Dr Demessant.

Une protection contre des agressions internes

Au-delà d’une protection contre les ennemis externes, ces bactéries peuvent nous protéger de problèmes physiologiques internes, comme le précise le Dr Demessant : “Ces bactéries bénéfiques nous aident aussi à nous protéger contre certaines agressions internes comme l’inflammation chronique, responsable de pathologies cutanées ou, à long terme, du vieillissement cutané. En effet, dès notre plus jeune âge, les bactéries de notre peau discutent avec notre système immunitaire pour l’entrainer à reconnaitre le bon du moins bon, et ainsi à ne pas réagir excessivement à des irritants ou à des allergènes potentiels par exemple. C’est ainsi qu’un microbiome équilibré peut réduire l’inflammation cutanée ou, au contraire, lorsqu’il est déséquilibré, causer ou aggraver des pathologies inflammatoires cutanées telles que l’eczéma atopique ou l’acné par exemple”.

Pourquoi est-il différent d’une zone à une autre ?

Nous disposons de multiples microbiomes. Chaque partie du corps est dotée de ses propres bactéries. C’est pour cela qu’il est essentiel d’en prendre soin zone par zone. “Notre corps est comme le globe terrestre : certaines zones sont sèches et fraîches (comme la peau de nos bras par exemple), d’autres bénéficient d’un climat plus “tropical” (comme l’intérieur de notre bouche, chaud et humide), certaines autres ne sont pas oxygénées (comme au sein de notre tube digestif). Les micro-organismes ont chacun leurs besoins spécifiques en termes de température, d’humidité, de présence d’oxygène ou pas, de disponibilité de leurs nutriments préférés. Et cela va déterminer pour chaque microorganisme s’il a la capacité, ou non, de coloniser la surface de notre intestin, l’intérieur de notre nez, ou la paume de nos mains. Les bactéries vont ainsi se nicher dans les endroits où elles trouvent les conditions de vie qui leur correspondent”. Et le docteur Roos de préciser : “Chaque flore de chaque organe est différente. Au même titre que nous sommes tous différents. Le microbiome cutané varie d’une personne à une autre tout simplement parce que nous n’avons pas les mêmes habitudes, la même vie, des animaux de compagnie ou non, la même alimentation…”.

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Quels troubles peuvent se déclencher en cas de déséquilibre ?

Bien que la peau fasse l’objet d’études depuis de très nombreuses années, celles sur son microbiome sont récentes et constituent un domaine de recherche très actif actuellement. La diversité des bactéries est telle d’un individu à un autre, qu’il est souvent difficile de faire des généralités. Néanmoins, de plus en plus d’études parviennent à montrer la responsabilité du microbiome cutané dans certaines pathologies comme l’acné, l’eczéma, les dermatites atopiques ou encore la rosacée“Un grand nombre d’études scientifiques montre que sur les zones d’eczéma atopique, le microbiome cutané perd sa diversité microbienne car une bactérie, nommée staphylocoque doré prolifère excessivement, empêchant les bactéries commensales de se développer. La prolifération du staphylocoque doré est directement associée à l’intensité des symptômes d’eczéma ; et le rééquilibre du microbiome cutané est concomitant au rétablissement d’un confort cutané avec une diminution de la sécheresse et des démangeaisons” précise notre experte.

Cette problématique se retrouve également lorsqu’il est question d’acné : “Au cœur des boutons d’acné, la bactérie C. acnes prolifère très rapidement car le sébum est pour elle un nutriment de choix et elle est en grande partie responsable de la réaction inflammatoire provoquant rougeur et douleur au niveau du bouton. Certains staphylococcus, à la surface des boutons, sont également à même d’entretenir cette réaction inflammatoire, responsable des marques pigmentaires persistant longtemps après la disparition du bouton”.

Comment préserver l’équilibre de son microbiome ?

Pour garder un bon équilibre de son microbiome, il s’agit d’une prise en charge globale.

Consulter un dermatologue en cas de problèmes cutanés

Il est tout d’abord important de cibler les causes de ses réactions cutanées en consultant un dermatologue. Toutes les pistes sont alors étudiées allant de l’hygiène physique à celle alimentaire en passant par les mauvaises habitudes. En effet, le livre à succès “Les charmes de l’intestin” de Julia Enders (éd. Actes Sud) avait ouvert la voie de l’importance d’un bon équilibre intestinal et donc de son microbiome pour éviter, limiter ou prévenir certaines maladies. “Lorsque mes patients viennent me voir pour des problèmes cutanés divers, la première chose que je leur conseille est de calmer le jeu en ce qui concerne l’hygiène et d’arrêter d’agresser la peau avec une hygiène trop décapante. Puis on fait un petit tour d’horizon des divers habitudes notamment alimentaire pour voir si certaines choses sont à supprimer ou limiter”, précise Dr. Nina Roos.

Veiller à une bonne alimentation

Notre alimentation souvent très inflammatoire du fait d’un excès de sucre ou d’aliments transformés joue inévitablement sur la balance dans nos différents microbiomes.

Pré-, pro- et postbiotiques… des aides possibles

Il est également possible de rééquilibrer et protéger sa flore grâce aux prébiotiques (sucres complexes tirés des fruits et légumes qui alimentent les probiotiques présents sur la peau et leur permettent de rééquilibrer le microbiome), aux probiotiques (micro-organismes vivants qui agissent sur les bonnes bactéries de la peau) et aux postbiotiques (facteurs solubles sécrétés par les batteries vivantes donc les probiotiques) par le biais de compléments alimentaires et/ou de crèmes enrichies. “Selon moi, les soins à base de pro ou prébiotiques sont à envisager mais surtout sur une peau non pathogène. Les études sont encore trop récentes pour affirmer que rajouter des probiotiques sur des peaux acnéiques est ce qui permet de régler le problème. Je conseille plus à mes patientes ces soins lorsqu’elles n’ont pas de problème particulier et de faire des cures lors des changements de saison par exemple”, affirme le Dr. Roos.

Ne pas “décaper” son microbiome

Selon le Dr Demessant, “Chez La Roche Posay, nous étudions depuis près de dix ans le microbiome cutané et ses déséquilibres et nous avons mené dix-neuf études cliniques sur plus de 1200 personnes aux types de peaux variés. Il en est ressorti tout d’abord qu’il ne faut pas agresser son microbiome cutané ! Il doit être considéré comme un ami et ne doit pas être décapé. L’utilisation de produits d’hygiène trop agressifs peut déséquilibrer le microbiome, en particulier sur des peaux fragilisées ou sensibles. Ainsi, les personnes souffrant d’acné ont tendance à nettoyer leur peau bien plus que la moyenne. Or, ce réflexe perturbe le fonctionnement de la barrière cutanée, à plus forte raison si elles utilisent des savons et nettoyants alcalins. Le pH de la peau est naturellement plutôt acide, et cette acidité est essentielle à la bonne santé des bactéries commensales qui protègent notre peau. Aussi, en utilisant des nettoyants sans savon, les syndets, formulés à pH physiologique (c’est-à-dire proche de celui de la peau) et qui respectent le microbiome cutané, il est possible de préserver le microbiome cutané et sa diversité”.

Nolyne CerdaJournaliste pigiste beauté/forme

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