(Agence Ecofin) – Le gouvernement en visite sur le tracé du projet de métro d’Abidjan a pu en apprendre sur les attentes des populations qui seront desservies par l’infrastructure. Au-delà des assurances données aux uns et aux autres, certains observateurs restent sceptiques.
Des responsables de mairies qui seront riveraines de la ligne de métro d’Abidjan (Côte d’Ivoire), dont le projet est en cours de réflexion au sein du gouvernement ont exprimé leurs attentes à l’occasion de la visite du Premier ministre, Patrick Achi, lorsqu’il visitait le tracé prévu pour cette infrastructure.
« Je pense que l’impact sera très important pour la population », a fait savoir Amidou Sylla, maire de la commune d’Anyama, qui devrait abriter une des gares du futur métro.
« Le prochain métro va d’abord nous apporter le développement, parce que cela créera des emplois », a expliqué pour sa part, Jeanne Peuhmond, l’adjointe au maire d’Abobo une des communes les plus populaires de la capitale ivoirienne. « Cela nous permettra aussi de moderniser et transformer notre commune, en termes de logements et de structures commerciales », a exprimé Farikou Soumahoro, maire de la commune d’Adjame.
Ces préoccupations sont en droite ligne avec les objectifs que se donne le gouvernement sur ce projet. « Sur instruction du Premier ministre, nous sommes en train de mener une réflexion pour qu’il y ait une dimension beaucoup plus sociale en matière d’urbanisme pour développer de nouvelles villes autour du métro », a fait savoir Amadou Kone, ministre des Transports. Son homologue en charge de l’Urbanisme a appuyé ce point de vue en citant de nouveaux quartiers d’Abidjan qui pourraient connaître une extension avec le métro.
Le Premier ministre Patrick Achi espère que des quartiers considérés comme éloignés reviendront dans les faveurs des populations qui pourront rallier plus rapidement le centre-ville d’Abidjan.
Au-delà de ces déclarations, le projet ne fait pourtant pas l’unanimité. Ses critiques lui reprochent d’être inutilement coûteux (plus de 1000 milliards FCFA supportés par le contribuable ivoirien) et de ne pas être le plus opportun en matière de transport en Côte d’Ivoire.
La construction de l’infrastructure qui utilisera le chemin de fer existant dans la ville d’Abidjan a été confiée à un consortium constitué de l’entreprise française Bouygues et des Sud-coréens. Ses défenseurs préfèrent voir le bon côté de choses. Il est attendu du futur métro d’Abidjan qu’il permette de transporter plus de 530 000 passagers par jour, désengorger la métropole ivoirienne, créer plus de 2000 emplois et surtout offrir une solution de mobilité durable aux habitants les plus modestes d’Abidjan résidant en périphérie de la ville.
Si la mobilité urbaine est un défi pour la ville d’Abidjan comme pour de nombreuses grandes villes africaines, le fait de solutionner le problème avec un projet qui nécessitera au pays de faire des remboursements d’emprunts en devises peut rapidement devenir un défi pour le budget ivoirien. Aussi, l’essentiel de la clientèle ciblée par ce projet paiera ses tickets en monnaie locale.
Certains commentateurs estiment que le gouvernement de Côte d’Ivoire aurait pu privilégier la ligne de chemin de fer allant de la localité de Man vers le port de San Pedro, facilitant ainsi les exportations de fer et de nickel, de potentielles sources de devises.
Idriss Linge